Ce vendredi 26 mai se tiendra à l’Engrenage une soirée un peu différente des autres. Si la café associatif grenoblois a souvent proposé, en dehors des concerts de la scène locale et d’activités diverses, des soirées de soutien pour diverses associations de l’agglomération, il organise cette fois-ci une soirée au bénéfice de son propre développement.
A l’occasion de cette initiative, Music’n’Gre a décidé de partir à la rencontre de l’équipe de ce nouveau lieu atypique, fraichement débarqué en décembre 2016 dans les locaux de l’ex-bar le Maily’s, au 27 rue Jean Prévost. L’occasion de lever les voiles sur son origine et son fonctionnement, réputé bénévole, à l’heure où le bar demande un coup de main pour se développer davantage.
« Peut être que les locaux n’ont pas beaucoup changé, mais l’état d’esprit oui. » En effet, les murs, à quelques posters près, rappellent sans difficulté le Maily’s, ce café-concert qui faisait vibrer le quartier au rythme de trois ou quatre concerts par semaine il y a encore quelque mois, avant de fermer à cause de nuisance sonore. Précisant ses relations plus amicales avec le voisinage, l’équipe de bénévoles de l’Engrenage, -qui a repris les lieux depuis décembre 2016- , expose d’emblée la vision militante au centre du projet aujourd’hui. Même si l’on retrouve toujours ces nombreux concerts d’artistes locaux chaque semaine, l’Engrenage précise « être bien plus qu’une salle de concert », où règne une « véritable idéologie » .
Gérée par une équipe de sept bénévoles,- composée en réalité d’une « bande de potes avant tout » comme ils aiment le préciser-, la salle s’est donc transformée en lieu de vie engagé ouvert à tous. Militante auto-proclamée, l’équipe de l’Engrenage propose un système de gestion culturelle radicalement différente… En dehors des concerts qu’ils organisent eux-même, -en faisant appel à des artistes principalement locaux-, l’équipe tient à cœur de mettre à disposition la salle à tout type d’initiatives provenant d’association ou de collectifs désireux d’y mener une action culturelle, artistique ou sportive–hebdomadaire, ou même ponctuelle.
Le seul critère pour accueillir ces projets ? L’adhésion aux valeurs de partage et de tolérance des uns et des autres, au centre de la gestion du lieu. Affirmant qu’il est « en réalité possible de vivre sans oppression », l’équipe insiste sur l’importance primordiale de l’ouverture d’esprit allant de pair avec l’ouverture culturelle qu’ils prônent. A la question des causes auxquelles ils se montreraient les plus sensibles, ceux-ci répondent assez intuitivement par « la question des genres, le rapport Homme/Femme, les sans papiers… » à qui ils permettent de participer à de nombreuses activités comme des cours de boxes –tous les mercredis soirs-, des projections de films ou expositions en tout genres, et bientôt même, des cours de zumbas.
Cette démarche populaire prend également forme à travers des soirées de soutiens à de multiples associations de la ville une fois par mois, mais aussi par son fonctionnement même. Gérée uniquement par des bénévoles affirmant fièrement ne « faire aucun bénéfices personnels sur ces soirées », la salle souhaite continuer de se développer aujourd’hui comme telle. Pour autant, une aide au développement du lieu sera essentielle pour parvenir à cet objectif. « On s’est dit, pourquoi on ne s’aiderait pas nous-mêmes, aussi ? » nous explique l’Engrenage, qui souhaite aujourd’hui améliorer la salle existante en s’équipant de tabourets de bar ou d’une meilleure qualité de son pour les concerts. Ce vendredi 26 mai aura donc lieu la première d’une longue série de soirées de soutien.
Outre l’amélioration matérielle du lieu, le bar souhaiterait pouvoir se développer en accueillant plus d’activités diverses. Pourquoi pas des « projections de nanar » comme l’équipe le suggère ? Ils n’attendent que des personnes qui souhaitent apporter leurs projets et les gérer dans la salle. Pour l’instant surtout connue pour ses nombreux concerts de la scène locale -à raison de trois soirées à prix libre par semaine-, l’Engrenage souhaiterait changer cette image de « salle de concert uniquement » : « On n’est pas qu’une salle de concert. On voit bien que d’ailleurs ceux qui viennent, ne s’en rendent pas compte : ils arrivent à l’heure du début des concerts, et même bien après, comme s’ils arrivaient au Drak-art. Mais dès 18h, nous sommes déjà ouverts… ! ».
Le plus important étant peut être que son public réalise que « boire une bière à l’Engrenage, c’est comme faire un acte politique ». Fortement ancré dans une démarche populaire et autonome, le café associatif se propose aujourd’hui comme un modèle alternatif de gestion culturelle dans notre ville. Autrement dit, il va de soi de ne pas oublier que mettre un pied à l’Engrenage, c’est aussi quelque part, « prôner une auto-gestion populaire ».