Après un premier 8 titres en 2013 intitulé « The Arrival », les Grenoblois de Y.Blues explorent encore plus largement leur savant mélange de blues acoustique et de métal dans ce nouvel album « Belong to the barrel »dont l’ambition n’a d’égal que la volonté farouche du trio de ne pas se limiter en terme d’influences et de styles. Un album à ranger entre deux bonnes bouteilles de votre oncle Jack …

 

Y.Blues, c’est un peu comme essayer de produire un vieux bourbon dans un fut en métal. Vous n’aurez pas le goût de votre whisky préféré et n’obtiendrez certainement pas de l’eau gazeuse, mais le mélange peut révéler des surprises inattendues !

La légende dit que c’est en croisant le chemin de Bjorn Berge que Yaiba eut la révélation, troqua sa guitare électrique pour une 12 cordes acoustique, jeta son stock de vieux médiators et commença à explorer les finesses de l’accordage en open aidé d’un vieux goulot de bouteille. Son mentor avouant publiquement son amour polygame pour le blues du delta et le métal, le guitariste grenoblois se décida à faire de même en poussant encore plus loin la fusion de deux styles, de prime abord éloignés mais dont la filiation est pourtant évidente.

 

Huit titres bien charpentés …

La première surprise en écoutant « Belong to the barrel »c’est la volonté sans concession de faire du métal, mais avec une guitare acoustique. L’approche en terme d’arrangements ne laisse aucune place à la confusion, les pattern de batteries sont typiques, du genre avec une double grosse caisse omniprésente et collant comme une glue aux rythmiques mains droites de la guitare.

De même, la voix ne se la joue pas unplugged, mais bien au contraire. Yaiba utilise le grain rauque et saturé de sa voix sans considération pour l’environnement dans lequel il évolue, et du possible décalage que cela pourrait procurer lors des premières écoutes. La dynamique qui en ressort est surprenante mais fonctionne contre toute attente, produisant une musique originale et reconnaissable à la première écoute. Les sonorités de la 12 cordes, couplées avec les licks au bottleneck, amène une largeur dans le spectre plus riche qu’une simple guitare saturée et une sonorité blues difficile à imiter autrement.

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Deuxième album de Y.Blues, sorti fin novembre 2017

Le vrai risque lorsque l’on part sur un concept aussi marqué, c’est de se limiter à ce concept et que les compositions ne restent qu’un gadget aussi vite oublié que le groupe. Fort heureusement pour Y.Blues, les 9 titres qui composent l’album sont des bonnes pièces bien fat qu’on se met avec délectation dans le gosier auditif. Si les riffs restent convenus dans l’esprit « métal » pour tous, ils font leur boulot et servent surtout d’appui pour tout le reste.

Les nombreuses parties arpégées, les rythmiques -notamment dans les refrains- utilisant vraiment la résonance de la guitare, les interludes hispanisant ou plus sombres qui amènent une vraie plus-value dans chaque composition, ce sont tous ces éléments qui font l’intérêt musical du groupe et justifient une écoute attentive.

Les lignes de voix ont également été prises en considération avec un travail efficace sur les refrains, les harmonies que l’on n’attendaient pas et que l’on est content de trouver donnent une dimension supplémentaire qui vient contrebalancer l’aspect plus rauque de la voix de Yaiba. Tous ces éléments bien macérés finissent de faire de certains titres de vraies montagnes russes musicales qui tiennent l’auditeur en éveil sur des morceaux pourtant souvent longs et alambiqués, où les influences plus progressives du groupe trouvent un terrain de jeu idéal pour s’exprimer.

 

… Et des invités costauds

Comme si cela ne suffisait pas, les guests sont nombreux, de qualité et comme la musique du groupe, au carrefour de plusieurs styles. Ça tape dans le local avec Barefoot Iano de Mountain Men, qui donne à un « Walking Men » guitare-voix la touche d’harmonica finale pour un titre tout en retenue et dont le dépouillement fait du bien en milieu de track list.

Le terreau métal francophone est aussi mis à profit avec l’inénarrable Fétus de Ultra Vomit dans un break comico jazz bien dans la veine Ultra Vomitesque sur un « Killing the dragon platypus (through the fire of my anus) » au titre évocateur… En couche de crème sur le Irish coffee, Bjorn Berge vient poser un solo bien personnel et tout en dextérité sur le bien nommé « Injustice for all » histoire de calmer tout le monde et d’inscrire encore plus Y.Blues dans la digne lignée du maître scandinave.

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Y.Blues lors de la release party de la Cuvée Grenobloise 2018

Si les mélanges des genres ne vous font pas peur, si vous êtes un métalleux qui, le dimanche soir au coin du feu, cherche de quoi reposer ses frêles oreilles de son quotidien auditif fait de bruit et de fureur ; si vous aimez juste découvrir de nouveaux groupes qui continuent encore en 2018 à proposer une musique personnelle et loin des canons pop radios actuels, n’hésitez plus. Y.Blues comme le bon whisky s’apprécie aussi bien entre amis lors d’une soirée un peu arrosée ou dans l’intimité de votre boudoir personnel, dans un bon fauteuil club en laissant lentement les arômes de leur musique vous envahir.

 

 

"Belong to the barrel" de Y.Blues : un subtil alliage de bois et d'acier
8.1Note finale
Originalité8.5
Technique7.5
Plaisir à écouter8.2
Avis des lecteurs 13 Avis
8.1
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