Marion GueydanIl n’en fallait pas plus au rappeur grenoblois GAS pour lui faire cracher son venin sur une trap insidueuse. Le confinement a eu raison de lui : le 5 avril, il diffuse un EP de 5 titres, le « Coronalbum », dans lequel il expose un savoureux mélange de spleen, de paranoïa et de colère à peine dissimulée. Focus.
5 titres, 5 pistes faites d’oppression, d’angoisses et de plaisir tout à la fois. La rappeur GAS, que l’on a découvert avec un premier projet « BLEH » l’année dernière, a sorti début avril un EP inattendu ô combien viral, à force de « tourner en rond » dans son appart et « péter les plombs » comme il le dit se bien dans le titre « Super ».
Jouant avec le jargon médical lié au Covid19, celui-ci dissèque la paranoïa, l’isolement, le calme anormal et l’affolement en parallèle, la pénurie des magasins à cause de la connerie des gens, et parle même d’idylle impossible et de culpabilité diffuse en lien avec l’ambiguïté des discours médiatiques.
« Contexte », « Super », « Fou », « Sur le Net » et « Propagation », en plus d’évacuer un stress partagé par tous, sont d’ailleurs l’occasion pour le rappeur d’utiliser des métaphores pour aborder des textes plus intimes … avec toujours le même objectif, « contaminer » son public.
« Le virus se propage, ma vision s’élargit
Moi aussi j’ai muté, j’les ai rendu fragiles (…)Quelque chose est cassé, j’me sens inutile
Car nos vies sont tracées du début à la fin
Entre les deux on s’mutileAujourd’hui on se marre
Et demain on disparaît
Comme l’abeille qui butinePlus ça va, mieux je sens
Cette odeur de sang, qui me suit partout
Comme un porteur sain
Inconscient du risque qu’il peut faire courir à tous… »[Propagation]