Un peu de poésie dans la noirceur, du viscéral, sans fioritures et sans manières, on en attendait pas moins du nouveau duo grenoblois Wanda/Bacdav, « Courave ». La première image du projet nous ai parvenu sur les ondes un soir de mai, en plein confinement : le clip d’un premier morceau, « Casse la vitrine », qui aborde frontalement les démons du passé et remue, dans la plaie, les couteaux qui forgent notre identité profonde.
A la fois lassé et déchaîné, Bacdav crève l’écran dans une mise en scène simple et efficace : il trime, avance courageusement, tombe et se relève. Tout est dit sur ces simples images qui apparaissent dès le début du clip, et la posture qu’il incarne rejoint le texte cru du duo qui résonne comme un crédo : comment se libérer du poids des autres pour être enfin soi-même ?
« Tout ce qu’on nous lègue nous écrase » : Courave aborde ici, à demi-mots, le poids de notre famille, le bien-aimé « héritage familial » qui nous laisse avec son sac d’amertumes, de non-dits, d’erreurs que l’on ne souhaite pas répéter. Ces ombres qui nous suivent, qui nous ont précédées, avec leurs attentes, et qui nous emprisonnent de leurs émotions. La vitrine, c’est la bulle dans laquelle ces vieux démons nous enferment.
Sombre, empli de rage, Courave nous livre ici un clip aussi contrasté que sa musique, introspectif et surtout, addictif. Rien d’étonnant, dans cette volonté de nous plonger dans cet univers, que les images s’enchaînent sur les gros plans des visages de nos deux acolytes, juste assez visibles pour en deviner les expressions. En dehors de ces plans serrés, la seule autre image composant la vidéo est celle de cette colline déserte où se débat Bacdav en vain. Un huit-clos angoissant, sans issue, tel un règlement de compte frontal tout en douceur.
Là où les cris se mêlent au silence, et où la musique n’est qu’émotion, Courave vous livre ici un peu de sa rage dans le ventre… pour se libérer, et pour vous donner la force, à vous aussi, de casser la vitrine.