« Qu’importe le flacon pourvu que l’on ait l’ivresse »… Fort de cet adage pris au premier degré, c’est avec un mélange de confiance et de perplexité que l’on se rend ce samedi 29 février en direction du « Petit Labo » pour assister au concert que doit y donner Eight Sins. Confiance car le groupe grenoblois de thrash / hardcore est connu pour la solidité de ses prestations et son sens du show en live. Perplexité car malgré tout le lieu est petit et qu’un concert de ce genre appelle toujours quelques escarmouches physiques et autres manifestations des corps bien légitimes. Compte rendu d’une soirée chaude où il fallait rester vigilant !
Et c’est d’abord avec plaisir, malgré le temps calamiteux et l’incongruité du lieu, que l’on constate un public bien présent pour une soirée qui a déjà de fortes chances d’être de ce point de vue réussie. Le combo magique bonne bière + concert de qualité n’étant plus à prouver, c’est avec un godet bien rempli que l’on prend quelques nouvelles de la scène hardcore locale en attendant le début des festivités. Café-Concert oblige, la soirée sera courte avec les seuls Eight Sins à une heure généralement réservée plutôt pour raconter des histoires au petit dernier avant d’aller dormir [21h].
Ici les histoires seront plutôt susurrées d’une voix de pirate en colère et interdites aux enfants trop sages : c’est donc à un public averti que les Grenoblois vont s’adresser. Malgré les inquiétudes sus mentionnées, la scène n’est pas complètement ridicule, même si lorsque le groupe commence à faire sonner les premiers accords de guitare et que le public rejoint le mini espace qui lui est réservé on sent qu’une certaine promiscuité ne pourra pas être évitée ce soir. Le son est bon pour les conditions, pas trop fort, mais juste assez. Quelques lumières finissent de donner à l’ensemble une allure plus que correct et l’on oublie bien vite le lieu pour se concentrer sur le concert.
Comme à son habitude, c’est avec efficacité et maîtrise que les Grenoblois s’imposent. Grande scène dont ils ont l’habitude ou petit café, peu importe ça envoie déjà sévère et sans tortiller des fesses. Lox au chant est toujours aussi charismatique et ses interactions avec le public ne manquent jamais de m’arracher quelques sourires entre deux esquives de coups de pieds et de manchettes à la volée. Car le public de ce soir est venu pour se la jouer à l’ancienne en mode KDS des familles, et c’est un vrai miracle que tout ce beau monde ne finisse pas en pls sur le côté du bar…
Les coup de pieds retournés et autres pas de danse coupé décalé New York style s’enchaînent sur le devant tandis que le reste du public se masse en un pogo plus ou moins organisé au vu du peu de place disponible. La patronne a l’air contente de la tournure que prennent les choses, les tireuses à bière sont en flux tendus pendant que Eight Sins enfile les perles de son répertoire comme à la parade. En une grosse demie heure c’est emballé et pesé, rideau pour la musique et la soirée se poursuit gaiement sans autres problèmes que ceux provoqués par un houblon consommé sans grande modération.
La perplexité du début de soirée s’est changé en certitude : oui on peut encore organiser des concerts dans des bars, et pas seulement en mode acoustique le cul par terre, tout le monde en cercle ambiance feutrée et petit doigt sur la couture. Avec un peu de jugeote (1 groupe, tout est finit à 21h et on se contrôle au niveau du son) et surtout une volonté manifeste des lieux de mettre en avant ces musiques, c’est encore possible de façon ponctuelle !
Reste à espérer que « Le petit Labo » nous proposera à nouveau ce genre de concert événementiels, que la maréchaussée tout comme le voisinage restent bien tranquilles au chaud, et que le public réponde présent avant, pendant et après le concert histoire de multiplier ce genre de bonnes soirées…