Comme un signal que la rentrée a bien commencé, le Festival Jour et Nuit a à nouveau cette année pris ses quartiers devant la Belle Electrique avec un dispositif encore plus étendu.
Deux scènes extérieures : Garage et Grande Scène et la scène à l’intérieure de la Belle Electrique, le tout presque entièrement gratuit pour une proposition tout public ouverte sur le quartier et ses habitants. La scène locale n’a pas été oubliée avec une programmation sur trois jours, donnant sa chance à des groupes en devenir ou à des valeurs sûres !
En entrant dans le village du festival, vendredi 6 septembre, on se dit que tout ça sent vraiment très bon. Les installations sont de qualité tout comme le son général. Des enfants courent dans tous les sens ou viennent assister à leur premier concert. On se balade entre les scènes en tendant l’oreille, à l’affût d’une bonne surprise. Ou l’on profite tout simplement des coins bar en passant un petit moment de détente avec de la musique en fond.
Monsieur Bosseigne sort le grand jeu
C’est donc l’esprit ouvert et le cerveau détendu que l’on se dirige vers la scène garage à l’esthétique plutôt club et une programmation rock brut assez alléchante… Pour ouvrir les hostilités, Monsieur Bosseigne donne de sa voix rauque et de sa gouaille pour échauffer les esprits.
Trio « early rock », comme il se désigne, on navigue entre rockab à la Stray Cats ou rock blues 60’s avec plaisir. Le trio a de la bouteille et enchaine les titres avec aisance tandis que dans la fosse cela s’échauffe les gambettes. Les oreilles montent doucement en pression.
Parfaite mise en bouche avant de filer pour les deux gros morceaux de la soirée de cette nouvelle édition du festival Jour et Nuit en scène locale. Monsieur Bosseigne se déguste également en version accoustique dans les bars de l’agglo, à ne pas louper si l’occasion se présente !
Le bel âge d’Arabella
C’est dans le très bel écrin de la grande scène intérieure de la Belle Electrique que l’on attend avec impatience une des révélations rock de l’année sur la scène grenobloise : Arabella. Malgré leur jeune âge, les galopins n’en sont pas à leurs premiers essais.
Après la sortie de leur premier EP l’hiver dernier, ils ont enchaîné les concerts sur Paris et dans divers festivals, dont à Musilac depuis. L’expérience s’accumule et commence à se ressentir sur scène même si l’on ne peut pas dire qu’ils aient jamais été timides lorsqu’il s’agissait d’ambiancer les planches. Le groupe, qui a travaillé son son, les lumières et son jeu de scène, s’affirme de plus en plus avec une vraie synergie entre les membres du combo.
Le chant de Rémi a gagné également en stabilité et en intensité se rapprochant de plus en plus de ce qu’il est capable de délivrer sur album. C’est avec plaisir que l’on retrouve les quelques tubes de l’EP (« Arabella » et bien sûr « Summertime again ») mais également de nouvelles compositions qui montrent que leur musique est encore en pleine maturation.
Fraîcheur scénique
Le public du festival Jour et Nuit réagit au quart de tour. Et la petite fan base, qui était déjà présente il y a quelques mois, semble s’agrandir au fur et à mesure. Ce qui est toujours un bon signe ! On sent malgré tout dans les interactions avec le public une tendance parfois à utiliser les recettes faciles des groupes sur scène et qui veulent à tout prix que les spectateurs participent (faire frapper dans les mains alors qu’aucune note n’a encore été jouée est-ce bien nécessaire ?).
On espère véritablement que ce jeune groupe va garder sa fraîcheur qui fait partie intégrante de son charme et ne pas trop tomber dans des attitudes systématiques et convenues sous prétexte de faire plus pro. Cela enlèverait grandement, pour ma part, au plaisir de les voir sur scène.
H-burns brûle les planches
Pour ce qui est de ne pas appliquer certaines recettes en live et tout miser sur la musique, H-Burns se pose là. Depuis presque 15 ans qu’il balade ses compositions personnelles aux quatre coins de la France, ses performances dans la région, et notamment à Grenoble, sont toujours attendues avec impatience.
Il me reste encore le souvenir de la dernière fois où je l’avais vu sur cette même scène de la Belle Electrique avec une très belle scénographie pleine de lumières froides et de vidéos évocatrices.
C’est avec le sentiment de la force tranquille que Renaud Brustlein et ses musiciens investissent le plateau, laissant leur univers se développer seul sans passer aux forceps. Le son est forcément très bon, organique avec un halo de reverb qui semble envelopper comme du coton tous les instruments.
Conteur d’histoires
Depuis deux albums, c’est à une production baignée de reverb que l’on a droit. Le dernier en date « Midlife » poursuit dans cette veine sonique.
Ce qui ne varie pas c’est la capacité du gars à se poser comme un conteur d’histoire plutôt que comme un interprète aux prestations vocales tape-à-l’oeil. Ici, pas de grandes envolées lyriques mais des mélodies taillées à la serpe et une très grande justesse sur le fond comme sur la forme.
Le backing band qui l’accompagne depuis plusieurs années est tout sauf un faire-valoir. Une section rythmique qui allie la subtilité à la puissance contenue. Quant à Antoine Pinet à la guitare, c’est en véritable architecte qu’il œuvre pour remplir l’espace sonore du groupe par ses arpèges vaporeux saturés de reverb …
Le paradoxe H-Burns c’est que sa musique semble emprunte d’une lenteur méditative, alors que ses concerts semblent filer entre les doigts du spectateur. Et c’est avec une pointe de regrets que l’on voit petit à petit le set s’égrainer jusqu’au dernier titre. H-Burns est une perle musicale de la scène hexagonale et c’est une chance de pouvoir le voir ce soir dans ces conditions.
A nouveau cette édition du festival Jour et Nuit fut une réussite et c’est surtout avec plaisir que l’on voit chaque année apporter son petit lot d’amélioration tout en maintenant une programmation locale.
Encore quelques années avec ce niveau d’exigence et l’on pourra dire que ce festival est vraiment l’événement attendu par tous pour lancer la saison musicale dans l’agglo !