Jeudi 25 Octobre, la Bifurk accueillait sur ses planches trois pépites de la scène locale rap, aux expériences et saveurs différentes : Jonas & Livio, RA2Z et Monkey Theorem. Réunis pour une triple release-party, les groupes ont décidé d’assurer le show pour défendre leur nouveaux albums, dans la joie et la bonne humeur… Retour sur cette soirée « Triple Cheese » aux milles saveurs.
« Triple Cheese » : voilà le nom appétissant qui a été donné à la soirée par Mix’Arts, l’association organisatrice de l’événement, afin de donner l’eau à la bouche aux amateurs de hip-hop. « Triple Cheese » pour trois fois plus de plaisir, avec trois projets locaux aux parfums et recettes différentes histoire d’en avoir (presque) pour tous les goûts. Un rap émergent et ambitieux servi sur le plateau de la Bifurk, prêt à déballer une jolie triple release-party : l’argument était suffisant pour que l’on vienne, nous aussi, goûter à cette cuisine locale qu’on affectionne …
Jonas & Livio : roulez jeunesse
« Mais t’as vu l’âge qu’ils ont, c’est impressionnant … » est souvent une des premières remarques que l’on entend à propos de Jonas & Livio. C’est vrai que le fait qu’ils n’effleurent pas encore la vingtaine peut être assez troublant quand on voit leur ambition depuis la sortie de leur premier EP, « Agilité et Souplesse », il y a un an à peine…
Ce soir à la Bifurk, ils ont donc défendu les titres de ce premier projet, mais surtout les nouveaux morceaux issus de « Moshi », la dernière production en date, qui confirme leur définition d’un rap oscillant entre balades hip-hop casual et trap audacieuse. Fidèles à leur musique plutôt « posée » qui s’écouterait presque autour d’un thé, ils ont donc emmené le public dans un monde frais et serein, entourés de palmiers gonflables et instruments de plage dispersés sur la scène. Un voyage qui nous laisse songeur quant à l’avenir du projet, encore tout jeune, mais plein de potentiel …
RA2Z : la démonstration de force
RA2Z, quant à lui, est venu défendre un 2e EP au titre plutôt significatif, « Carrière ». En véritable showman qu’il est, il a su répandre une énergie incroyable sur toute la salle du début à la fin du set, grâce à un flow maîtrisé et un son globalement entraînant. Le grenoblois s’est même risqué à des mises en scène nouvelles pour pouvoir interpréter des titres plus introspectifs (« Thunes au bar » par exemple) et plus calmes, voir plus festifs (« Paradis », sur la drogue et ses effets), tout en communiquant davantage avec son public que d’habitude.
On sentait que le concert était préparé, et qu’il voulait imposer la nouvelle image qu’il tente de créer ces dernières semaines, notamment via un enchaînement de sorties de clips (pas moins de 7 ou 8 en deux mois il me semble) exposant un RA2Z plus que déterminé à percer. Une réserve cependant à propos de l’agressivité planante sur le set, à renfort de batte dans les mains ou d’un décor composé de fûts de bières, créant l’apologie d’une virilité exacerbée dont l’artiste n’a pas besoin pour démontrer son talent et son ambition.
Monkey Theorem : toujours un plaisir
Enfin, Monkey Theorem est apparu devant une salle pleine et surchauffée qui comptait son petit lot de fans et d’habitués. Il faut dire que le groupe détient aujourd’hui sa petite réputation de part son expérience de la scène locale, faisant d’eux sans rougir des « papas » du rap grenoblois… En étant certainement les plus vieux et les plus expérimentés de la soirée !
De retour avec l’album mystérieusement nommé « Yéti », le quatuor a alors débarqué sur scène habillé comme des pseudos-alpinistes en proie au froid, parés de sacs, de cordes, de mousquetons et d’une énergie sans faille. Les titres se sont enchaînés avec une rapidité déconcertante, avec la plus grande aisance, devant une salle survoltée prête à suivre le groupe dans son ascension au sommet. Un show hyper rodé qui a finit, comme souvent, en regroupement familial sur la scène (avec entre autres Kespar, Missah & Weedoh et bien d’autres) avec une belle complicité, mais aussi pour l’occasion ce soir-là, le partage d’une belle bouteille de Chartreuse avec le public (toujours plus !) histoire de continuer à faire dans le local…