Depuis 4 ans, Nebraska Jones fait planer sur Grenoble un air folk aussi doux et crémeux qu’un smoothie à la mangue. Après s’être fait progressivement connaître grâce à un répertoire traditionnel à l’américaine, le duo malicieux chante désormais en français et nous expose donc davantage les pensées intimes de Mélanie Petrarca (Sunshine in Ohio) et Manon Petit (Foxy Family), révélant au public de véritables trésors de poésie… et de sororité. Portrait.
Nebraska Jones, un duo évident
Mélanie et Manon ne cachent en rien, lors de leurs interview, la beauté de leur rencontre un soir de 2018 au Café Bayard de Grenoble – lieu incontournable de concerts acoustiques et de jams sessions d’inspiration blues/jazz – où elles ont pu mêler pour la première fois leurs ambitions musicales. C’est simple : It’s a Match.
Et le fait qu’elles soient chacune déjà investies dans des formations grenobloises (orientées bluegrass) n’empêchera en rien les deux jeunes femmes de rêver à un projet plus restreint, plus « personnel », en constituant rapidement ensemble un duo de reprise de folk américaine : Nebraska Jones.
Si chacune se consacre rapidement à son propre instrument (Manon à la contrebasse, et Mélanie à la guitare), le duo travaille cependant d’emblée à des harmonies de voix puissantes, travaillées, où chacune des deux prend place au micro sans jamais faire de l’ombre à l’autre, pour une parfaite complémentarité.
Ce qui frappe, dès les premières compositions du groupe, c’est cette douceur, cette volonté commune de bâtir une poésie à la fois traditionnelle et moderne, percutante mais jamais trop mordante, en abordant des thématiques intimistes et liées à leur condition de femmes. Constitué de bluegrass, de jazz, mais aussi parfois de country, leur univers sonne une folk à l’américaine ; mais, dans les paroles, raisonne comme un écho de ces ancestrales confessions de mère à fille, de sœur à sœur, ces confessions silencieuses et de sororité.
« Cordes Femmes », un EP fait de récits de femmes
Cette volonté de mettre en musique ces récits de femmes a pris une tournure forte et assumée avec la sortie d’un premier EP en français, « Cordes Femmes », disponible sur les plateformes depuis Décembre 2019 grâce à une campagne de crowdfunding. Sous l’allure d’un journal nous faisant partager leurs expériences de femmes de notre époque, celui-ci s’écoute d’une traite comme un long secret, alternant confessions brutes et aveux réjouissants, parvenant à formuler tout en poésie les douleurs sourdes et les challenges invisibles de la condition féminine.
« Si mes lèvres tremblent – vois dans ce doute, un Non ». Abordant la notion de consentement (« Quand je dis non »), les amitiés, le désir ou le non-désir de maternité (« Je voudrais que mon enfant soit né », « Enfant ») la séduction hétérosexuelle et ses aléas (« Médiéval Tinder »), mais aussi le vieillissement du corps féminin (« La Danse du Temps »), les 9 titres de l’EP inscrit Nebraska Jones dans la belle lignée des chanteuses de notre époque réhabilitant avec classe l’élégance de la chanson française, faisant honneur au travail du texte, et en abordant de façon décomplexée les réalités liées au genre.
Tu voudrais que je te plaise
Tu voudrais que je te parle
Tu voudrais que je te baise
Peu importe mon moral … ?
– « Blues des amants », piste n°7
Trouvant un équilibre intéressant entre légèreté et drame, délicatesse et franc-parler, Mélanie et Manon créent une mosaïque d’histoires bien ciselées, marquantes, soit explicites soit suggérées – mais toujours inspirées et colorées. Avec ces morceaux qui sonnent comme de véritables fragments de pensées, ce que nous raconte Nebraska Jones ici ce sont des expériences réelles, interprétées par un duo incarnant lui-même la sororité. Sororité qui s’illustre à travers la complicité vocale présente sur chaque morceau, mais aussi et avant tout… par la précieuse amitié de ces deux musiciennes.
Pour les découvrir sur scène prochainement :
- Le 5 août, Festi’Val de Seine (21 450 – Saint-Marc-sur-Seine)
- Le 25 août, APERO’MUSEE Le Grand Séchoir Vinay (38)