Il est vrai qu’à l’écoute de NO MAAD, il est difficile de ne pas entendre le son des guitares de Korn, et de la vibe metal 90′, avec de gros restes de grunge pour parfumer l’ensemble. Avec toutes ces influences torturées, il était sûr que les clips du groupe n’allaient pas mettre en scène des orgies de petits poneys (quoique)… Avec « Mosquito » (Moustique pour la traduction…), NO MAAD signe là son premier « vrai » clip dans un style déjanté en collaboration avec 404Prod, où les pots de maquillage ont du se vider à vitesse grand V…
Mais qu’est-il arrivé à NO MAAD (ex NO MAN’S LAND), pour décider de faire un titre, puis un clip, sur les effroyables insomnies des longues nuits d’été peuplées de moustiques ? A défaut de savoir si le groupe porte ici fièrement à l’écran un humour tordu jusqu’au-boutiste, ou si le moustique et son super-pouvoir d’emmerdement est plutôt envisagé ici comme la métaphore sombre de l’impuissance menant à la folie (ce qui serait très baudelairien), nous pouvons déjà porter notre attention sur la mise en scène plutôt soignée de la formation grenobloise, qui annonce l’univers singulier du groupe.
Une mise en scène DIY entre dark spirit et humour
« On a pas une attitude de metalleux très dark », qu’ils disaient durant leur interview, fin 2019… Peut-être pas dans l’attitude certes, mais dans l’idée, imaginer des personnages peinturés en blanc les yeux recouverts qui viennent vous rendre fou au beau milieu de la nuit, ce n’est pas très happy end. Les yeux cernés au possible, un mec est pris pour cible tout le long du clip et ne peut même pas se rebeller car l’ennemi se veut soit invisible, du moins inatteignable. Un peu malsain quand même. Les lumières sont sombres, il y a ce quelque chose d’un peu sale qui règne dans les clips grunge proches des années 2000, où on ne sait plus s’il s’agit de la drogue ou de la fatigue à l’origine de la mise en scène…
Et pourtant ! A y regarder de plus près, tout n’est pas si dramatique, et on flirte parfois, même de loin, avec un état d’esprit beaucoup plus détaché, en tout cas plus léger, si ce n’est comique. L’aspect « too much » volontaire de certaines scènes vient contrebalancer ce bouquet de clichés : les « mosquitos » tirent la couette du pauvre homme (qui dort habillé, everybody do that), et puisque la crise d’hystérie n’est plus très loin, l’envie subite lui prends alors de sauter à genoux sur sa guitare (dans son lit, ok) en guise de mécontentement. Génial. Les objets volent dans tous les coins, et les mosquitos continent de chanter à l’unisson comme des vampires à moitié léthargiques. Sans se prendre donc trop au sérieux, le clip se veut donc complètement barré.
N’oublions pas que les premiers clips des groupes ont une forte responsabilité : donner le ton de l’univers proposé. On retrouve donc ici ce qui semble être la ligne directrice du groupe : aborder des choses pas cool, de manière pas si dark, ou alors l’inverse, évoquer des trucs sympas avec une posture un peu crade. NO MAAD recherche son équilibre entre lâcher prise rock’n’roll et travail consciencieux, entre discours sombre et image rock qui reste colorée. Et on aime. L’album, bientôt de sortie, devrait regorger de surprises de la sorte …