Quand Clément Duboscq nous fait du pied pour nous faire la promo de QOYA, c’est presque humiliant. On se dit, ah ouais putain, ça fait un moment qu’on entend parler d’eux, dans la sphère grenobloise ; et lorsqu’il nous chatouille avec ce trio en émergence, on se dit alors qu’on aurait peut-être un peu manqué à notre devoir.
Parce que Clément, c’est quand même un des journalistes de la team du New Noise Magazine, et un mélomane spécialiste des groupes rock /metal prêts à décoller : recevoir un mot doux de sa part concernant ce groupe local ne pouvait être qu’une suprême confirmation qu’il était inévitable de ne pas les présenter ici – et aussi la preuve irréfutable qu’on a un mis un peu trop longtemps à le faire.
Alors, allons droit au but : rien qu’en voyant la pochette de l’album que le groupe va nous offrir le 4 octobre, « Karma », avec son inspiration Alcest affichée ne serait-ce déjà que dans le design (il n’y a que moi qui ait cru voir une énième sortie d’opus du groupe shoegaze français, ou… ?), il semble que la promesse d’un rock atmosphérique toujours plus travaillé se dessine dans nos horizons alpins.
Cette image léchée, mélancolique et mystérieuse, flirtant avec une vibe gothico-spirituel pleinement assumée, est à l’image de la musique qui nous est proposée : vaporeuse, puissante, brute, en bref, parfaite pour une incantation douteuse ou pour le plaisir de s’offrir des moments d’absences. Vous ne me croyez pas ?
Parce que oui, on a écouté les 10 titres de ce nouvel opus ; et si leur musique s’inscrit dans la lignée d’un rock moderne teintée de new wave, post-rock et shoegaze – sous-genres alternatifs pouvant donner parfois dans la longueur si les compositions manquent de richesse – QOYA, lui, nous promène au fil de ses morceaux sans entrave, nous accroche même, jusqu’au bout de son voyage existentiel et fantomatique.
Les morceaux défilent comme des souvenirs, dans un lieu à part, là où l’aspect manichéen des choses se délite pour laisser place au savoureux mélange d’une joie disparate et d’une noirceur envoûtante, là où Bien et Mal ne s’affrontent plus mais s’associent enfin, pour une palette d’émotions toujours plus vaste, palpable, mature, et subtile – à l’image du groupe qui a évolué sans faille d’un post-punk nerveux vers la création de sonorités chimériques toujours plus complexes et nuancées.
Cela fait inévitablement pensé, d’ailleurs, à la transformation à laquelle on a pu assisté avec Fontaines DC et son merveilleux album « Romance » sorti à la fin de l’été, qui vient nous rappeler ô combien le spleen, sera finalement, toujours à la mode, et que la force du rock réside dans sa capacité à vouloir nous faire emprunter son chemin le plus surnaturel.
Mais pas de niaiserie ici, ni de désespoir grotesque ; pas de poésie innocente ou de désolation gênante. L’équilibre du rêve et du mystère semble trouvé, sans plonger dans les clichés, ni dans les extrêmes, si tentants du genre. QOYA nous expose ici, avec « Karma », le pari réussi d’un clair-obscur hypnotique, alternant riffs purs et mélodies éthérées, pour le plus grand bonheur des fans du genre – et bien sûr, des futur.es converti.es.
Pour écouter les premiers titres, suivre la sortie de l’album :