Vendredi 30 octobre 2020 devait avoir lieu la release party de « Norska » – dernier album de Sumac Dub à l’Ampérage avec Ishiban et OnDubGround. Confinement oblige, pas de bras, pas de chocolat : évènement annulé. Pour tous ceux qui le voudraient, séance de rattrapage avec l’intéressé, qui nous présente sa dernière pépite…

 

Avec Norska, tu oscilles entre de nombreuses sonorités : de la minimal au reggae en passant par l’Orient. Existe-il une couleur musicale globale sur cet album ? Comment le décrirais-tu ?

Je trouve toujours compliqué de décrire un album que j’ai moi-même composé. La façon de percevoir la musique restera toujours quelque chose de propre à chacun et d’intime. Ce que je pourrais en dire c’est que c’est un album pour lequel j’ai essayé de me restreindre le moins possible dans mes directions musicales. J’ai essayé de me détacher au maximum de ce que je pouvais imaginer que l’on attende de ma musique. Ou même du dub en général, bien que j’en garde les codes.

Plusieurs morceaux portent des noms de villes, de dunes ou de fleuves. Le nom de ton album «Norska» signifie norvégien. Pourquoi ces choix sémantiques ? A quoi font-ils écho musicalement ?

Alors tout d’abord le nom «Norska» est tiré du livre La Horde du Contrevent de Alain Damasio. […] C’est plus un choix lié au symbole que Norska représente dans le livre, […] la limite des terres connues, la dernière zone avant les terres inexplorées.

C’est un premier objectif à atteindre pour la Horde, avant d’entamer la part d’inconnu que représente leur quête. J’aimais beaucoup cette idée de zone de transition, car c’est un peu l’objectif que je me suis fixé avec cet album. Entamer un premier pas vers plus d’originalité, en essayant d’asseoir un peu plus mon «style».

 

 

Pour ce qui est des titres de l’album, pour faire simple, je dirais simplement qu’ils m’inspiraient, individuellement. Je vais prendre l’exemple le plus parlant. Pendant le travail de l’album, j’ai lu un bouquin incroyable de Delphine Minoui : «Les passeurs de livres de Daraya».

En plein siège de la ville par l’armée de Bachar al Assad, un groupe de résistants a sorti de la poussière des milliers de livres pour les rassembler dans une bibliothèque secrète, cachée dans un sous-sol de la ville.

Dans mon morceau, la cornemuse perse représente la résistance qui évolue dans un chaos musical, un genre de milieu hostile et accidenté. Mais une fois tout le chaos traversé, elle termine sa course par l’apaisement avec un changement de couleur musicale sur laquelle la cornemuse s’harmonise.

 

Quelles ont été tes sources d’inspiration pour donner corps à cet album ? As-tu fait de nouvelles expériences sonores par rapport à tes anciens albums et EP, testé des choses que tu souhaitais faire ?

Mes sources d’inspirations musicales sont nombreuses mais j’ai toujours adoré les albums qui s’écoutent de A à Z avec un fil conducteur. J’avais essayé de composer avec cette ligne directrice pour mon premier album « Le Jardin de Lucy ». J’ai un peu mis ce concept de côté, jusqu’à la composition de « Norska ». Certaines tracks n’ont pas vraiment de début ni de fin et s’enchaînent les unes par rapport aux autres comme « Amou-Daria » et « Rituel Chamanique ».

 

Sumac Dub en plein enregistrement de son album

C’est une première différence avec les précédents albums et EP. Je dirais que le plus gros du changement est l’utilisation un peu plus poussé du violon, chose que je n’avais jamais trop osé faire car ça peut vite être connoté.

Autre chose que j’ai eu envie de tester : composer et mixer un morceau en quelques heures. C’est le morceau bonus «The Hadal Zone» qui se trouve exclusivement pour le moment sur la version vinyle. J’ai dû passer deux heures max sur la compo et l’enregistrement puis une heure de mix. Et j’avoue que je suis assez content du résultat final !

 

Comment se sont passées tes collaborations avec Biga Ranx, Ishiban, Art-X et The Maucals sur cet album ?

Tout s’est fait très simplement. Pour Biga j’avais cette prod qui me plaisait vraiment mais il manquait quelque chose pour la mettre en valeur. J’ai essayé plein de choses dessus mais je n’arrivais pas à trouver le bon truc. L’idée d’enregistrer Biga m’est venue lors d’une soirée studio avec The Maucals. On écoutait la prod puis ils m’ont dit de le contacter.

Du coup le lendemain j’envoie un mail a Art-X qui le connaît bien, il lui fait passer la prod et Biga flashe dessus. Un peu par hasard, deux mois plus tard j’étais dans sa ville. On s’est vus et le truc s’est fait ! Par la suite j’ai eu la chance de bosser sur son dernier album « Sunset Cassette » qui est sorti en juin, donc super connexion !

« L’idée de faire un feat sur mon album était donc une évidence ! »

Avec Art-X on s’est mis à bosser ensemble l’été dernier pour notre date featuring au NoLogo festival. Maintenant on a carrément un set ensemble qu’on propose via le booker AFTRWRK. L’idée de faire un feat sur mon album était donc une évidence !

 

 

Pour Ishiban on s’est croisés a une soirée à Eve l’année dernière, on avait déjà un peu discuté sur les réseaux. Je pense qu’on est tous les deux fans de l’univers de l’autre, en tout cas moi, c’est mon cas ! Du coup on est partis sur deux feats, un sur mon album et un sur le sien, «Collisions» qui est sorti le 19 avril 2020 sur le label Audio Split Binary.

Et pour finir, le feat avec The Maucals s’est fait très simplement, ils sont de Grenoble et on passe la plupart de notre temps ensemble, au bar ou au studio. Du coup un soir on a composé « Keystone ». Et tant qu’on y est, il ne faut pas oublier d’aller écouter leur album auto-produit «Sweet Places» sorti en décembre. C’est du très bon !

Quel est ton morceau préféré et pourquoi ?

Très franchement je n’ai pas de morceau préféré. Il y en a un que j’aime moins que les autres par contre, c’est « Arkada ». J’en avais sorti un extrait pour une vidéo teaser de live filmé a la Belle Électrique pendant mon accompagnement avec Retour de Scène pour la Cuvée Grenobloise. Beaucoup de gens m’ont demandé quand est-ce que le morceaux sortait. J’avais donc annoncé la sortie du morceau dans mon futur album [Norska ndlr], mais je trouve qu’il dénote un peu. Si je n’avais pas annoncé ça je ne pense pas qu’il aurait été dedans.

Quelle est la suite ? As-tu des projets, des collaborations en particulier que tu aimerais créer ?

La suite de l’album c’est un deuxième clip, prévu pour septembre (le premier est sorti le 17 février). Il va arriver un peu tard après la sortie de « Norska » mais confinement oblige on a pris plus de temps que prévu pour organiser le tournage. En tout cas, ça va être magnifique. C’est la Panot’Prod qui s’est occupé d’écrire le scénario et qui s’occupe actuellement du montage. C’est lui qui réalise toutes mes vidéos et clips depuis le début.

Pour ce projet nous avons aussi fait appel au copain Jake Russell au steadicam tango et Camille Lada pour jouer le personnage principal du clip. Je ne serai jamais assez reconnaissant pour leur engagement sur le projet !

 

 

Sinon depuis la sortie de « Norska », je bosse pas mal sur mon side-project Al Safoom qui s’ancre plus dans un courant hip hop, un mélange entre délire schizophrénique heureux et d’abstract bad-trip-hop. J’ai déjà sorti un EP qui s’appelle « Yes Papy », dispo sur youtube, bandcamp et soundcloud.

Et là je bosse sur un format album que j’aimerais sortir à l’automne ou au printemps 2021. […] On est [également] en train de bosser avec ODGPROD sur une sortie vinyle de mon premier album « Le Jardin de Lucy » qui fêtera ses 5 ans cet automne…

 

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