Diane GaillardFin 2018, The Next Tape sort un clip issu d’un travail de collaboration avec l’artiste illustrateur Antoine Ronzon. Ce projet visuel a fait son petit effet en raflant plusieurs nominations et récompenses, parmi lesquelles le titre de meilleur clip rock du Bdx Clip Festival ou encore une sélection officielle pour le Festival National du Film d’animation. Et ça vaut le détour…
L’aboutissement d’un univers travaillé
The Next Tape ne perd pas le cap et continue d’évoluer dans un univers de plus en plus travaillé et cohérent. Sur ce clip, on retrouve tout ce qui fait l’identité du groupe.
Le style graphique d’abord : Antoine Ronzon a su exprimer sa créativité tout en respectant l’identité visuelle du groupe. Les couleurs acidulées, les compositions style synth wave retravaillées avec une forte influence des années 80 : l’ambiance du clip rappelle les pochettes d’album et l’univers posé par les anciens clips tout en innovant et en le réinventant. Le graphisme est en total adéquation avec les sonorités électroniques 8 bits du groupe, parfois empruntées à l’univers des premiers jeux vidéos.
Le style visuel est non seulement en adéquation avec l’univers de The Next Tape mais on ne peut que saluer la corrélation remarquable entre les images du clip et le rythme de la musique. L’image accompagne le son et s’inscrit tout au long sur son tempo.
L’univers du groupe se retrouve donc dans la forme, mais aussi dans le fond. Comme on l’avait déjà souligné pour le clip « Fancy Toy », The Next Tape excelle pour aborder des sujets bien acides sous des sonorités fraîches et dansantes.
Quand le fantasme crée la névrose
L’apparence très pop et rythmé contraste avec le sujet très sombre et grave, créant une tension. Le personnage principal se résume à une silhouette féminine simple, à la fois très concrète et très abstraite avec ses cheveux translucides, sa couleur rose et ses immenses yeux noirs…
Elle est ici tiraillée entre le fantasme de beauté qu’elle voit partout dans les magasines et la publicité,vnt et sa faim insatiable, son envie de tout dévorer. Et ces deux aspirations vont de pair, se renforcent. Alors elle gobe tout, les images, les icônes de perfection autant que les aliments qu’elle trouve dans le frigo la nuit. On aborde ici le sujet de la boulimie, de l’anorexie, et plus généralement des troubles alimentaires provoqués par les injonctions à la beauté imposée aux femmes par l’image et la publicité.
Le personnage est seul face à ses névroses, et même si les paroles traduisent la détresse, le ton et l’attitude du personnage dégagent une force et une puissance impulsées par le fantasme. Le fantasme d’un corps idéal, et celui d’un lieu accessible uniquement pour une élite de perfection physique, le fantasme d’un pouvoir octroyé à ceux qui auront été validés comme beaux.
La boîte de nuit au milieu de nul part incarne ce fantasme, peuplé d’entités de papiers ingérées, digérées puis régurgitées. Mais pour finir, le noir se fait avant que la voiture n’ait pu atteindre la boîte de nuit : le fantasme est inatteignable… contrairement au frigo.
Pour aller plus loin :
*Les artistes :
- Découvrir The Next Tape
- Découvrir Antoine Ronzon