Félix Muhlenbach, alias Thems, nous avait déjà habitués à des mélodies épurées empreintes de nostalgie, et d’une maîtrise toute particulière. La gifle esthétique et émotionnelle du clip du titre « Nuits », sorti ce 27 mars, ne nous en a pas moins retourné les tripes, nous laissant littéralement scotchés au canapé. Focus…
Thems avait discrètement posé sur la Cuvée Grenobloise 2019 son titre « Souvenirs« , tel un bijou secret, à l’époque de la sortie de son EP éponyme. D’emblée, l’artiste avait affiché le lien étroit entre sa musique et l’image, grâce à une musique électro expérimental se prêtant aux jeux de l’interprétation libre. Même si la charge émotionnelle de ses premiers titres étaient bien présente, mêlant poésie et nostalgie, rien ne nous préparait pourtant à l’évolution du projet de Félix : une électro transcendante, présentée dans des clips d’une beauté toujours plus insolente.
Thems nous prouve encore que rien ne sert de faire compliqué pour fabriquer l’extase. Fascinant, le clip de son dernier titre « Nuits » nous entraîne dans les déambulations nocturnes d’un inconnu … tout simplement. Ce quelque chose de « progressif », ce petit truc « qui monte » et qui fait dresser les poils, si difficile à maîtriser musicalement, est ici atteint haut la main tant sur le plan instrumental que cinématographique et offre, en illimité, des frissons jusque dans la nuque. Une incroyable ode à la nuit, aux corps, et … à la musique elle-même.
« Nuits » : une ode à la nuit, aux corps et à la musique
Oui, Thems souhaitait simplement ici, comme il s’est confié au webzine, « raconter des histoires, des récits de vie, à la manière d’un film », comme il s’applique à le faire depuis le début. Pour « Nuits », il a donc décidé de mettre en scène les périples de la nuit d’un homme à tout hasard. « J’aime contempler les détails d’une individualité, au milieu de la masse. J’ai donc eu envie de réaliser un portrait, présenter un personnage dans son rapport aux autres et au monde extérieur. On le suit tout au long d’une soirée, une nuit, qui pourrait être n’importe laquelle de ses nuits… »
Rien d’exceptionnel donc sur le scénario. Et pourtant, la charge émotionnelle crève l’écran dès les premières secondes. La nuit, territoire de l’inconnu, des explorations, et de l’introspection, est glorifiée dans toutes ses coutures… et présentée dans toute sa complexité : lieu du vide, du rien, de l’immobilisme, elle est pourtant aussi celui du mouvement, de la liberté, de la danse, des corps, et du lâcher-prise. Les paradoxes se réunissent, comme celui de la solitude au milieu de la foule, ou du silence des rues contrastant avec le bruit des boîtes de nuit.
« Nuits », une déclaration d’amour à la musique dans tout ce qu’elle a à offrir de plus intime ? « Il y a l’idée du rapport entre le corps et la musique, celle qui nous fait avancer, celle qui nous permet de nous évader, celle qui rythme nos soirées, jusqu’à la physicalité de la danse. » Plans serrés, lumières époustouflantes, le clip nous emmène au plus près de cet inconnu, au beau milieu de la nuit, pour une virée émotionnelle et charnelle sans complexe. Qui a dit que le spleen n’était plus à la mode ? Dansons, sans ne jamais s’arrêter.
* Un clip réalisé par le talentueux Jeremy Morlot, avec Anthony.