Le clip de There’s a way, est une œuvre pleine de délicatesse, de poésie et de force. Music’n’gre a eu l’occasion d’interroger Rémi Guirao, auteur du single interprété en duo avec FAV. Nous allons donc vous livrer non seulement nos ressentis, mais aussi un aperçu de l’envers du travail.
Le clip a été mis en œuvre environ un an après la composition du morceau. Les idées sont impulsées par Rémi Guirao qui a rassemblé autour de lui des amis et connaissances venus faire mûrir le projet jusqu’à sa réalisation. A la volée, FAV venu interpréter et tourner à ses cotés, Claudine Sarzier, actrice et amie que l’on retrouve dans le clip et Hervé Doulat de 1628Films, réalisateur du clip, avec pour particularité la prise de vue aérienne au drone.
Un cadre à couper le souffle
Le tournage prend place au lac Achard dans le massif de Belledonne, et la beauté des paysages filmés par drone va vous mettre une sacrée claque. Nous sommes une génération saturée de clips bien américains qui nous font croire qu’il faut forcément voyager pour emplir nos yeux de beauté… Mais vous allez vite vous rendre compte en regardant le clip que les paysages qui nous entourent relèvent largement le défi. L’œuvre ne se limite pas cependant au paysage aérien, c’est une vue en trois dimensions qui vous est proposée : sur terre, dans l’air et sous l’eau. Pour vous livrer ces images, l’équipe s’est donnée.
« Ce qui a été le plus dur, c’est quelque chose qu’on ne voit pas dans le clip : aller jusqu’au lac avec tout le matos qui est dans l’ensemble très fragile»
Si le clip met en scène une quête, sa réalisation en était déjà une. Ce que l’on remarque à l’image en revanche, ce sont les conditions difficiles dans lesquelles l’équipe a du travailler. Tournés en plein hiver en début d’année 2017, les paysages enneigés nous laissent présager de la température. Les degrés de l’eau du lac se comptaient forcément sur les doigts de la main. Malgré ces conditions, l’équipe a été efficace : en tout, le tournage a duré qu’une demi-journée.
« On a dû refaire la scène où on se jette à l’eau avec FAV plusieurs fois. La première fois, on a été pris au dépourvu tellement l’eau était froide ! Ça m’a coupé la respiration et je me suis directement relevé, malgré moi : mon corps a agi instinctivement. »
La scène de la comédienne Claudine Sarzier a, quant à elle, été tourné en une fois. On ne peut que saluer la performance de l’actrice qui, nue dans un lac glacé, a réussi à jouer des plans expressifs sans que le froid ne soit visible sur son visage ou son corps.
Une œuvre libre d’interprétation
Rémi Guirao nous explique que le clip n’a pas été pensé pour être une adaptation visuelle du morceau musical. C’est une œuvre à part entière qui vient accompagner la chanson.
« Cela ne va pas plaire à tout le monde, mais des fois je suis partisan de l’image pour l’image. »
Le scénario est en effet libre : il n’y a pas forcément de sens précis et établi par les auteurs. Le clip propose, et c’est à vous d’en faire une libre interprétation. Chacun pourra ressentir et comprendre selon son identité, son caractère, sa personnalité ou son vécu. Quelque part, en laissant cette liberté, les auteurs nous invitent à participer à l’œuvre. Cette particularité en fait finalement une œuvre très intime et personnelle, qui, si vous prenez le temps, vous permettra de vous interroger et de partager avec vous-même.
Une quête initiatique mystérieuse
Plusieurs scènes se déroulent simultanément, abordant des thématiques différentes : les deux chanteurs évoluant difficilement sur les chemins rocheux, le personnage féminin nu dans le lac et les paysages alpins vus de haut.
Le clip donne à voir une quête initiatique, en adéquation avec les paroles du morceau. Cette quête représente une recherche que chacun va vivre de façon différente mais inévitable au cours de sa vie. Celle-ci est matérialisée par les deux musiciens qui suivent leur chemin à travers la montagne, Rémi Guirao en tête, suivie de son ami FAV. Au début sereins, ils se confrontent vite aux difficultés du paysage. L’entraide et l’amitié leur permettent de surmonter les obstacles. La quête s’accélère avant de finir précipitamment dans les eaux glacées du lac où les personnages se débattent. La peur, la frénésie et l’angoisse se dégagent de cette scène.
Viens ensuite le personnage féminin interprété par Claudine Sarzier qui est un élément fort puisque énigmatique. Nue dans les eaux du lac, c’est sur ses lèvres que prend forme le chant, bien que de voix masculine. Ce personnage reste mystérieux. On ne sait finalement pas s’il est réel ou surnaturel. La femme nue dans les eaux est une image récurrente dans les mythes : ondines dans la mythologie germanique, naïades dans la mythologie grecque ou encore morgans dans la mythologie bretonne. Ce sont les fées des eaux, proches des sirènes. Leur beauté est ensorcelante et elles attirent parfois les hommes dans les profondeurs des eaux. Elles peuvent incarner le destin où endosser le rôle d’accueillir les défunts. Autant de définitions qui peuvent coller aux images du clip. Autre mystère entourant ce personnage : on ne connait pas son lien avec les deux autres protagonistes. Le seul élément qui relie est la fin de leur parcours dans les eaux du lac, autre élément symbolique.
L’eau est en effet très présente dans l’œuvre. C’est un élément symbolique fort dans toutes les civilisations. Elle représente la purification, le renouveau ; on retrouve beaucoup de rites de purification par l’eau. Celle-ci incarne la spiritualité, le moyen de relier le corps et l’esprit. Il est également synonyme de retour aux sources, ou tout simplement un lieu de fin, de voyage vers la mort, à l’instar des indiens qui laissent leurs morts dériver dans le Gange. Mais finalement, toutes ces idées sont plus ou moins reliées. Plus en lien avec la scène du débat dans le lac, l’eau représente aussi l’angoisse de la noyade, l’impuissance de l’homme face à la force des éléments. Ce qui nous amène à la vision d’une Nature toute puissante dans ce clip.
Les paysages naturels, dont nous avions déjà parlé pour leur beauté, sont très présents tout au long du clip. Filmée de haut, calme et impassible, cette Nature semble dominer largement les silhouettes des personnages qui lui sont soumis : les deux garçons dans leurs difficultés à traverser les roches et la femme qui semble prisonnière des eaux immobiles. Ils finissent tous leur parcours perdus dans l’immensité des eaux du lac. Et après la présence forte de la femme et le débat haletant des hommes dans le lac, les images paisibles des étendues de montagnes s’enchainent, demeurant imperturbables. Peu importe la force de ce qui vient de se passer pour ces personnages, le monde continue de tourner.
Retrouvez les artistes:
- Si vous avez aimé le travail de Rémi Guirao, sachez qu’il travaille actuellement sur un autre clip, qu’il sortira un autre album en octobre et qu’il entame bientôt une tournée nationale : Facebook de Rémi Guirao
- Présentation de Claudine Sarzier
- Site de 1628Films